C’est à Nazareth, dans une modeste boutique de souvenirs, qu’est née la poésie si singulière de Taha Muhammad Ali. Une voix atypique dans le paysage
littéraire palestinien, celle d’un autodidacte qui, toute sa vie, a cherché dans la fragilité des mots la force de résister.
Le destin de Taha Muhammad Ali est inséparable de celui de la Palestine. Né en 1931 dans le village de Saffouriya, en Galilée, le jeune homme traverse à l’âge de 17 ans l’épreuve de la Nakba, « la catastrophe». C’est ainsi que les Palestiniens désignent l’exode qui leur a été imposé par les armes au len- demain de la proclamation de l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948. Comme 800.000 Palestiniens, Taha est jeté sur les routes et perd tout ce qu’il possède. Il trouve refuge avec sa famille au Liban et revient clandestinement chez lui un an plus tard, pour constater que le village de son enfance est totalement détruit, et que les kibboutz ont remplacé les fermes arabes. Il s’installe alors à Nazareth, où il ouvre un petit commerce qu’il tient jusqu’à sa mort en 2011.
L’oeuvre de Taha Muhammad Ali, nourrie de l’expérience de la dépossession et de la perte, est pour- tant dénuée de rancoeur. Elle raconte le quotidien des petites gens, l’amour, et la capacité à s’émerveiller devant le monde malgré les épreuves de la vie. Loin du prestige international de son contemporain Mahmoud Darwich, symbole national de la culture palestinienne, Taha Muhammad Ali est resté longtemps dans l’ombre. Cette discrétion lui a permis de créer une langue très personnelle, mêlée d’arabe classique et dialectal. Il publie d’abord des nouvelles, dans les années cinquante, puis de la poésie dans les années soixante-dix, en vers libres et non rimés, dépourvus de toute emphase.
Ses poèmes ont été traduits en français par Antoine Jockey et publiés en 2012 par les éditions Galaade dans un recueil intitulé Une migration sans fin.
Une pièce de théâtre, Taha, est née de sa vie. Jouée plus de 500 fois à travers le monde et plébiscitée par la presse, elle est diffusée en France depuis 2021, jouée pae Sylvain Machac, produite et diffusée par ARUM.
AUTEUR : Amer Hlehel
TRADUCTION : Najla Nakhle Cerruti
ADAPTATION : Astrid Chabrat Kajdan et Sylvain Machac
MISE EN SCENE : Didier Weil et Sylvain Machac
COMÉDIEN : Sylvain Machac
MUSIQUE : Ramzi Aburedwan
LUMIERE : Christophe Olivier